février 2016
Format : 115 x 190 mm
Broché - papier bouffant
142 pages
ISBN : 9791093160085
épuisé
Paris, 1931. Charles Benesteau, avocat, a tout quitté pour s'installer seul dans un modeste appartement de la rue Vanves, dans un quartier populaire. En totale rupture avec le monde bourgeois, Charles Benesteau veut avoir une vie simple, parmi des gens simples. Une nuit, l'un de ses voisins est arrêté pour violence conjugale après avoir envoyé sa femme à l'hôpital. Charles Benesteau recueille leur fille adolescente Juliette pour ne pas la laisser seule. Loin de passer inaperçu dans le quartier, il attire sur lui le mépris et les commérages.
1ère édition : 1935, Gallimard
Le Pressentiment est un des derniers romans d'Emmanuel Bove. Il y tente encore une de ses utopies de la rencontre où le déclassement lui paraît le moyen de transcender les barrières sociales, à l'encontre de tout arrivisme et de toute ambition. C'est avec une ironie douce amère qu'il mène sa quête ; échec ou réussite, dans ce roman de la maturité, il ne préjuge plus de rien. Il reste au stade de celui qui se contente de se deviner, avant de se laisser sentir et exister, un stade étrange du néant, celui du pré-sentiment.
L'AUTEUR
Emmanuel Bove (1898-1945) est découvert par Colette qui fait publier son premier roman Mes amis chez Ferenczi en 1924. Après ce succès s'ensuivent l'écriture et la publication de nombreux romans. Ses contemporains font son éloge mais Bove tombe rapidement dans l'oubli après sa mort. Samuel Beckett aide à le faire redécouvrir dans les années 1970 en tant qu'auteur méconnu dont il recommande le plus la lecture : « il a comme personne le sens du détail touchant ».
L'écriture de Bove est en effet celle du détail, des gestes qui disent et trahissent les sentiments, les états d'âme, la condition sociale, car celle-là même forme l'identité et le comportement. C'est avec tout cela que Bove questionne ses personnages dans la dèche parisienne des années 1920-30. Il s'en dégage une tristesse contenue, la recherche d'un idéal désespéré qui tend surtout vers la recherche d'amour ou de reconnaissance. Car les héros naïfs de Bove sont tiraillés par leur appartenance à une classe, à une identité sociale cadrée par des règles qui codifient une société dont ils voudraient faire éclater les barrières.
Bove est un romancier comme on les aime : prolixe, acharné, discret. Il y a dans sa plume l'obstination du stylet frappant la montagne avec l'ambition de la détruire.