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mars 2020
Format : 100 x 150 mm
Broché - papier bouffant
52 pages
ISBN : 9791093160412
Prix : 9€ + 1,50€ frais de port
Momentanément indisponible
Etre une ville moyenne
vieux réflexe incarné :
donner le nom de la grande ville la plus proche
lorsqu’on te pose la question
enfin
la ville moyenne
enfin
la grande ville en train de devenir ville moyenne
par un curieux phénomène d’hémorragie d’hommes et d’hôpitaux
enfin
il y a un Monoprix un multiplexe
une médiathèque
tu vas pas chipoter
ce n’est pas vraiment un mensonge
cette ville ne t’a pas vu grandir
(surtout été une Fnac pour la langueur des mercredis –
maintenant c’est un Starbucks)
mais ton gros bourg à quelques kilomètres
lui a toujours fait comme une
poignée d’amour –
à ça tu te reconnais
quand tu te croises dans une glace
autre réflexe, juste au-dessus du lobe temporal :
y a-t-il assez de livres par le monde ?
y a-t-il assez de films
y a-t-il assez d'amour
de miettes dans les draps
de siestes crapuleuses
pour justifier d'être d’ici ?
de connaître ce panneau avec rien que des tirets
cette gare
(ils appellent ça une gare)
que dalle plus un distributeur automatique
la casse automobile et les Gitans pas loin
la troisième fleur comme une fierté nationale ?
cette gare tu la connais tu as même fait des études ailleurs
bien fait marrer alors avec ce genre de questions
tout ça créait une texture d’ironie dont tu n’étais pas très fier
mais à l’époque fallait surtout faire allégeance
se couler dans la bonne sensibilité
de toute façon
de moins en moins de gens te demandent d’où tu viens
c’est pas de chance
vers la fin du néolithique
pour moins que ça tu étais un grand centre urbain
les porcs les moutons circulaient dans tes rues sans faire d’histoires
tu voyais passer des riches dans des litières ornés rubis
des esclaves bien contents qu’on leur ait laissé un œil
des statuettes de bouse et d’argile
dédiées à va savoir qui
les gens de ce temps-là
enterraient leurs morts sous le plancher
entre chambres et cuisine
ça te fait une belle jambe
sauf que ces hommes ces dieux ces animaux domestiqués
sont toujours là – en crottes fossilisées
pile devant ta porte
pile
au coin de tes yeux
ça commence à se voir
ton voisin par exemple
trois fois cette semaine qu’il fait mine de tailler sa haie
le regard de côté
ou trois générations
quelle différence ?
peut-être que ce n’est pas exactement de la haine
quelque chose de plus incrusté archaïque rudimentaire
en tout cas tu sais ce qui vous manque pour arriver à vous parler
une macabre découverte
oh pas grand-chose un petit corps calciné dans le lotissement d’à côté
tu souris : tu la sens un peu mieux cette blague-là
mais il n’y a personne pour se marrer cette fois
Né en 1985 à Saint-Etienne, émigre à Lyon en 2003. Fait un tas de trucs passionnants et/ou salissants. Premier roman en 2007. Découvre que la poésie bat encore vers 2010, s’y met. Co-fonde en 2016 la revue en ligne REALPOETIK avec Sammy Sapin parce que la critique littéraire c’est rigolo.
OUVRAGES PARUS
La Rue de la soif, roman, ArHsens Éditions, 2007.
Mon Vrai boulot, poésie, Le Pédalo ivre, 2013.
La Danse de Saint-Gilles suivi de Minera, poésie, Polder, 2013 (préface de Thomas Vinau).
D'Origine, poésie, Le Pédalo ivre, 2014.
99 noms d'un seul truc, poésie, Gros Textes, 2015.
De Gras et de nerf, poésie, Le Pédalo ivre, 2017.
Fast-food, roman, Buchet-Chastel, 2018, collection « Qui Vive ».